LE FRANÇAIS LANGUE DE LA DIPLOMATIE

INTRODUCTION

Qu’est ce que c’est la diplomatie? Quel a été le rôle du diplomate pendant les siècles jusqu’à nos jours ? Est-ce que le français peut être considéré la langue de la diplomatie internationale ?

La diplomatie s’occupe de la conduite des relations extérieures par le biais de la représentation et de la négociation. Son champ d’action a longtemps été privilège des Etats jusqu’à s’étendre, aujourd’hui, aux organisations internationales, dans le domaine de la diplomatie multilatérale, et même à celles non étatiques, telles que les ONG.

L’institution diplomatique naît avec la République de Vénice, en inspirant bientôt d’autres Etats, et consolide ses bases pendant les Congrès de Vienne, en 1815, où il est définie la figure du diplomate, en tant que représentant d’un Etat, aussi comme ses fonctions.

De même le rôle du diplomate dans le contexte international est changé :

d’abord l’objectif de sa mission était commercial, on pense par exemple à Marco Polo, figure tutélaire de tous les diplomates, ambassadeur de Vénice envoyé en Chine avec la tâche de défendre les intérêts commerciaux de la République et connaître la culture chinoise. Pendant les siècles on assiste à la modernisation de son rôle, il est devenu un technicien de la négociation, son champ d’activités comprend les relations commerciales et culturelles, il est au même temps un médiateur dans la recherche d’une solution  ou d’un dialogue entre les États.

Après ces prémisses je vais retracer dans mon mémoire les étapes les plus importantes de l’histoire de la langue française en tant que langue véhiculaire dumessage diplomatique : elle hérite le rôle de langue universelle par le latin en devenant la langue des cours d’Europe, en 1714, avec le traité de Rastatt elle est consacrée aux affaires internationales. Le Congrès de Vienne, qui marque la fin de la Révolution et réunit tous les Etats d’Europe, est l’occasion pour Talleyrand d’inaugurer le style diplomatique français en rétablissant l’ordre européen.

En 1919, à l’occasion du traité de Versailles, après la Première Guerre Mondiale, on assiste au recul du français en tant que langue officielle des relations internationales : les textes sont rédigés à la fois en anglais et en français par la présence des Etats-Unis et du Japon.

Du temps de l’universalité de la langue française, les Etats-Unis, en fait, n’étaient pas la première puissance économique du monde et l’anglais n’était point la langue des affaires, du commerce et des médias.

Ces étapes incisives dans l’histoire de la langue et de la diplomatie française sont le moyen par lequel on peut expliquer aujourd’hui le statut de la langue française dans le domaine diplomatique afin d’en faire une analyse le plus possible détaillée.

CHAPITRE 1 : Du latin à l’universalité de la langue française

Il faut chercher les raisons pour lesquelles la langue française continue à être encore aujourd’hui une des langues de la diplomatie internationale dans son histoire : l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier le 28 septembre 1539, impose déjà l’usage de la langue française dans tous les jugements et actes officiels : « afin qu’ils soient en un langage clair et qu’il n’y ait ni puisse y avoir aucune ambigüité ou incertitude… » ; ce texte, écrit en 192 articles, est l’un des plus importants de la législation française, surtout car il a été décisif pour la diffusion du français. Cette promulgation avait le but de remplacer le latin dans les textes officiels qui devaient être compris par tous, afin d’avoir une seule langue légale dans tout le royaume. C’est en 1549 que Du Bellay publie sa Défense et illustration de la langue française en démontrant la supériorité du français face aux autres langues et en remarquant celle-ci comme langue du dialecte, né dans la petite province de l’ile de France, siège de la royauté, s’est faite, en même temps, par différents moyens : politique, militaire, littéraire..

L’expansion de la langue française a été aussi faite par les conquêtes militaires, car les conquérants gardent l’usage de leur propre langue à

Pendant ces siècles la langue, l’ancien français, se répand également dans les élites des pays voisins, en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas, jusqu’à acquérir, à côté du latin, une grande importance. Cette expansion poursuit de plus en plus, au fur et à mesure que diminuait l’influence du latin en Europe ; en fait, le français était souvent mieux connu à l’étranger qu’en France.

En même temps, pendant le XVII siècle, on assiste à la définition du bon usage et des règles d’orthographie, pas encore bien fixées, grâce à la naissance de l’Académie française, fondée en 1635 par le cardinal Richelieu, sous le règne de Louis XIII, avec la tâche de la rendre claire, pure et raisonnable, pour que puisse être compris par tous.

Au milieu du XVIII siècle, on parle français dans toutes les cours et les salons des familles bourgeoises et aristocratiques, vu que la langue française née dans la cour du roi, on l’utilise dans la diplomatie et pour les traités. C’est pour ca que le thème choisi, en 1782, par l’Académie de Berlin, pendant un concours annuel vise l’universalité de la langue française ; en effet, à cette époque le français est la seule langue qui puisse avoir un rôle de langue véhiculaire culturel en Europe, à la place du latin.

L’Académie de Berlin reçut plusieurs réponses mais on va tenir en compte seulement deux textes, l’un en allemand, de Christ Schwab, et l’autre en français, écrit par Antoine de Rivarol, ce dernier c’est le célèbre Discours sur l’universalité de la langue française. Dans ces textes on trouve écrit qu’ « il est impossible de chercher pourquoi la langue française est devenue la langue générale de l’Europe, ce serait chercher les causes d’une chose qui n’est pas arrivée ».

On tient en compte, en outre, des multiples raisons du statut de la langue française, c’est-à-dire le rayonnement de la culture et de la littérature française, les événements politiques, le rôle de certains rois, comme Louis XIV, etc. enfin on essaie d’expliquer le pourquoi de cette « universalité » dont elle est investie : on cite, à ces propos l’Académie Française et son dictionnaire qui présente le français comme une langue facile à apprendre et à prononcer.

Dans son célèbre discours Rivarol affirme que « Ce qui n’est pas clair n’est pas français » et justifie cette phrase en expliquant pourquoi d’autres langues, tels que l’allemand, l’anglais ou l’italien ne peuvent lui faire ombre ; il énonce des arguments en faveur de la langue et de la génie de sa littérature et admet qu’elle a pris sur les autres langues une avance qui lui donna, comme « une sorte de droit d’aînesse ». Puis il affirme encore que cette langue respect l’ordre logique de la syntaxe : « Le français, par un privilège unique, est seule resté fidèle à l’ordre direct… la syntaxe française est incorruptible. C’est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue.

En 1892, le chroniqueur du Petit Parisien, Jean Frollo, dans son article intitulé « Français : pourquoi fut-il adoptée comme langue diplomatique dans toute l’Europe ? », disait que « Il n’y a qu’à comparer notre langue présente au français de nos anciens auteurs, depuis Rabelais jusqu’à Malherbe, pour se convaincre que c’est bien par la culture du latin et du grec, les deux langues les plus raffinées qui aient été parlées par les hommes, qu’elle s’est raffinée elle-même et qu’elle a acquis cet ensemble de qualités indéfinissables qui en ont fait la langue obligatoire de toutes les aristocraties, du moins de celles qui ont pu parvenir à se l’approprier ». Il soutient encore que « Le français était alors, comme il est encore, l’instrument de précision par excellence de la pensée humaine. Il doit au merveilleux épanouissement de sa littérature dans tous les genres son incomparable distinction, sa lumineuse clarté et la richesse inépuisable de son vocabulaire ».

Du point de vue politique il faut dire que, toutefois, qu’elle n’a été jamais choisie comme langue du droit international public de manière officielle, il n’y a pas de déposition écrite à ce sujet. On emploie la langue diplomatique au moment de conclure un traité international entre des états qui se trouvent tous sur le même niveau d’égalité ; c’est pour ça, donc, que aucune langue n’était jamais reconnue comme langue internationale, mais c’est plutôt une convention entre les parties associées. Le fait à remarquer, c’est que l’adoption de la langue française en ce cas n’était pas liée à une suprématie politique ou militaire de la nation, même si cela n’aurait été facile à croire, vue que l’autorité de grande puissance que la France avait eu pendant longtemps.

Pour comprendre ce choix fait par hasard, il faut revenir à l’époque du Moyen Âge, quand la langue employée dans les relations internationales et dans toutes les autres circonstances était le latin. Il y avait nombreuses raisons qui expliquaient son emploi : des raison pratiques, car c’était la langue de l’église, pour une sorte de neutralité, étant donné qu’elle était une langue morte, n’appartenant à personne mais compréhensible à tout le monde. Enfin, pour des raisons historiques, qui par la suite, l’ont faite tomber en désuétude : le latin était la langue du Saint Empire Romain Germanique qui se vantait d’être la suite de L’Empire Romain, et en revendiquant l’héritage de Rome, elle revendiquait aussi l’usage de la langue latine. Jusqu’à la mort de Charles-Quint, l’empire s’étendait sur presque toute l’Europe, à l’exception des territoires de la France et de l’Angleterre, ainsi dans n’importe quel traité, il était présent à la table ronde et ce fait-là entraînait la prééminence du latin, langue de l’Europe cultivée.

Bientôt on a commencé à penser qu’en parlant latin on reconnaissait une sorte de supériorité à l’Empereur Germanique, à plus forte raison car elle cherchait à s’imposer.

En ce qui concerne les autres langues, pendant le XVe ou le XVIe siècle, elles n’avaient encore des règles bien fixées et un bon degré de précision pour permettre la rédaction d’un traité sans probables malentendus ou confusions.

Tous ces circonstances ont permis ainsi, à partir du XVIIe siècle, l’avènement du français qui se prêtait bien aux notions nouvelles (juridiques, économiques ou politiques), au détriment du latin. Une autre donnée importante est le changement de la figure du diplomate : les ecclésiastiques sont remplacés par la diplomatie de carrière et cela comporte que les jeunes commençants leur carrière ne connaissaient que leur langue nationale.

Afin de remplacer le latin, deux méthodes pouvaient être choisies : ou bien parler dans sa propre langue en s’exposant au risque de malentendus ou bien choisir une langue de référence avec l’avantage d’accélérer les négociations et d’éviter plusieurs interprétations. C’est à ce moment-là que la langue sélectionnée se révéla être le français.

Historiquement, le premier traité international uniquement rédigé en français est celui de Rastadt, en 1714, concernant la fin de la guerre de Succession d’Espagne, alors que la France est vaincue. Il ne faut pas y voir le résultat d’une prédominance politique ou militaire de la France à cette époque mais plutôt la reconnaissance de l’influence culturelle de la langue effet si l’on a adoptée à Rastadt, on la fait au moyen d’une mention spéciale précisant qu’il s’agissait d’une exception et qui n’était pas une règle pour les traités ultérieurs.

Mais cette adoption se répétera tout de même avec la mention qui n’officialisait pas la langue.

C’est à partir du traité de Paris fait en 1763, presque 5 ans plus tard, que l’on n’ajoutait plus ce prémisse, au bas des traités, même si encore une fois la France est vaincue et elle va perdre son empire colonial des Indes.

On parlait français dans la plupart des cours d’Europe, c’était la langue internationale des chancelleries européennes. En 1871, même le prince de Bismarck proposa au prince Gortschakoff de remplacer la langue allemande au français dans les rapports officiels entre les puissances. En particulier, dans une lettre écrite en bon français, il explique les raisons qui avaient fait adopter le français par la diplomatie des siècles passés, lui paraissaient des plus sages, et ajoute qu’il ne conçoit pas que Frédéric II n’avait pas le même avis sur ce point que son petit-fils. En effet, le fondateur de la puissance militaire de la Prusse, le roi philosophe Fréderic, ne parlait et n’écrivait qu’en français et qu’il avait aussi la prétention de rivaliser avec Voltaire en prose et en vers. On rappelle ses mots : « je parle en allemand à mes soldats, en français avec mes pairs ».

Ces exemples nous montrent que pendant les XVIIe et le XVIIIe siècle, aucun homme d’état n’aurait voulu passer pour ignorer la langue des écrivains tels que Corneille et de Bossuet. C’était un privilège et raison de fierté pour les ambassadeurs français de ne traiter que dans leur propre langue avec les souverains auprès duquel ils étaient accueillis, et il était inhabituel qu’un ambassadeur étranger à Paris s’exprimait dans une autre langue.

CHAPITRE 2 : Talleyrand et l’invention de la diplomatie française

C’est au Congrès de Vienne, en 1815, après la Révolution française et la chute de l’Empire de Napoléon, que Talleyrand inaugura le style diplomatique français qui imprègne encore aujourd’hui l’action internationale. Il est considéré à la fois comme un maître de l’art de la négociation diplomatique et un expert en duplicité, qui affirme que « la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée » ;Harold Nicolson, membre de la délégation anglaise au Congrès de Vienne en a rapporté un livre intitulé Peacemaking 1919 ; dans ces pages il est intéressant de constater l’impression de l’auteur à propos du diplomate Talleyrand en le comparant aux autres : « Il est vrai que certains historiens tendent à exagérer la perspicacité et la prescience de Talleyrand. Ses dépêches et ses lettres montrent de manière évidente qu’il méjugea souvent la situation et que, à certains moments, il se révéla désorienté et confus. Il n’en reste pas moins que la différence entre lui et les autres est que, quand ils galopaient indéfiniment dans des cercles sans raison, il revenait sitôt qu’il s’était égaré à l’endroit où il avait perdu la piste. Là, ayant recouvré son principe de départ, il reprenait sa chasse avec une assurance si nette qu’ils étaient tentés et, pour finir, obligés de suivre sa trace […] ».

Pour mieux comprendre sa pensée, son action politique, trop diverse et multiple, et afin d’en déduire son style diplomatique, il faut tracer les étapes fondamentales de sa vie ; en effet on n’y pourrait jamais comprendre ses projets et sa vision européenne qui ne se limitent pas au seul travail comme ministre des Relations extérieures, du Directoire à la Restauration.

L’entrée de Talleyrand dans l’institution d’état se fit par le biais de l’appareil de l’église, en 1775, car sous l’Ancien Régime elle était une partie considérable de l’état. L’expérience comme agent général du clergé de 1780 à 1785 et la carrière ecclésiastique, à laquelle il fut introduit, ont été déterminants pendant le règne de Louis XV jusqu’à la Révolution.

Sa charge concernait dans les relations de l’église avec l’administration royale, en ayant aussi le droit de participer au Conseil du roi et chez les ministres. Il se comporte en réformateur et s’engage en la défense des finances et du patrimoine de l’église. Bientôt il passe des affaires de l’église à celles de l’état : Charles-Maurice de Talleyrand vient nommé évêque d’Autun le 16 janvier 1789 et présente la rédaction d’un programme précis et clair contenu dans le cahier des délibérations du clergé d’Autun. Dans cette publication il érige les états généraux en quasi-Parlement en disant « qu’ils seront exclusivement les juges de ce qui aura été dit ou fait par chaque membre dans le cours de l’assemblée » et « qu’ils seront libres de prolonger leur séances sans craindre une dissolution involontaire » ; de plus ce organe devra élaborer une quasi- constitution : « une charte qui renferme invariablement les droits de tous… Aucun acte public ne sera loi générale du royaume, qu’autant que la nation l’aura solennellement consenti ». On peut dire, donc, que le royauté est encore maintenue dans son esprits et sa forme mais les principes monarchiques ont été bouleversés.

Aristocrate libéral et patriote pendant la Révolution, il est l’un des membres des états généraux mais il prend aussi une partie active dans l’Assemblée constituante où il incarne la modération, indulgence pour les hommes et une certaine rationalité face aux événements. Le 26 juin 1789 il prend place dans l’Assemblée nationale et plus tard il devient le premier des huit membres du Comité de constitution.

Mais, quelle a été la parte du diplomate dans la création de la Constituante ?

Il s’est engagé en faisant adopter la rédaction de l’article VI, au moment de l’élaboration de la Déclaration des droits : «  La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ».

Dans le conflit irrésolu entre l’église et la Révolution sa proposition est un « clergé-citoyen » : en définitive il est le véritable auteur de la loi. Il est le premier qui essaie de démontrer son adhésion à la Constitution civile du clergé, puis il se démit de l’évêché d’Autun moyennant une lettre au roi. Lorsqu’il n’est même plus député, il part en exile en Angleterre puis aux Etats-Unis et à Hambourg sans arrêter de s’intéresser à la situation politique en France. En 1795 il rentre dans son pays, en usant le droit de pétition, et il va continuer sur la route de l’engagement politique pendant le Directoire.

Le 3 juillet 1797, avant d’entrer aux Affaires, il prononce un remarquable discours en posant les bases de la future politique française dans la Méditerranée, c’est-à-dire la création des établissements en Egypte, sur les côtes de l’Afrique, sous le signe d’un intérêt partagé, sans contraintes. Par cette expédition on avait, selon Talleyrand, la possibilité d’ouvrir la route des Indes au commerce français et avoir ainsi nombreux avantages commerciaux. En outre, lorsqu’il est chargé de régler à Londres la question de l’insurrection des Belges, il gardera cette conquête française en dépit de l’hostilité anglaise. En particulier, à l’occasion de ce dernier résultat obtenu, il rédige Les Instructions, le résumé de toute sa politique méditerranéenne, en disant : « La France a un intérêt pressent à diminuer la prépondérance de l’Angleterre dans une mer qui est la sienne et dont l’Angleterre n’est même pas riveraine. Elle doit chercher toutes les occasions de rendre l’occupation de Malte et des îles Ioniennes inoffensive ». Ce premier exemple est la preuve qui démontre la constance du diplomate et sa persévérance dans la mise en œuvre de ses idées, malgré le grand nombre de régimes qu’il a servi.

Bientôt, le 16 juillet 1797, surtout grâce à la recommandation de Germaine de Staël, il est nommé ministre des Relations extérieures, c’est-à-dire les agents d’exécution du chef d’état collégial que constitue le Directoire (c’était l’organe d’action et de représentation ayant pouvoirs de guerre, dans la signature des traités et dans la réglementation de la « diplomatie secrète »).

En même temps il s’intéresse de l’instruction publique, en la réorganisant en 1801, avec le but de former des traducteurs compétents dans les consulats méditerranéens. L’admiration de Talleyrand pour l’Angleterre découle du système politique, économique et financier qu’il considère comme l’un des plus perfectionnés au monde, car il pense aussi que la modération des principes politiques des états soit une conditio sine qua non à l’existence et au renforcement de ces derniers. Toutefois, lors de son arrivée au ministère en juillet en 1797 sa vision contrastée de l’Angleterre, à la fois admirative et antagoniste, influence sa vision générale de l’Europe : dans son Mémoire sur les rapports actuels de la France avec les autres états de l’Europe, il expose les bases de sa philosophie diplomatique, surtout l’idée que la nation française, avant de s’imposer à ses voisins, doit perfectionner son propre système administratif, financier et politique. Dans ce contexte Talleyrand fait référence au dérèglement des équilibres européens suivant à la paix de Westphalie, dicté du principe du plus fort à la place de l’ancien droit public européen, très cher à Talleyrand.

Pendant le désordre qui règne dans la lourde machine institutionnelle, l’attention de Talleyrand est adressée au général Bonaparte, « qui occupait avec tant d’éclat la scène du monde », et avec lequel il préparait le coup de Brumaire.

La collaboration entre Bonaparte et Talleyrand va durer presque quatorze années pendant lesquels ce dernier se révélera un très bon conseiller pour le consul qui en apprécie « l’esprit du monde, la connaissance des cours de l’Europe », en générale sa culture géopolitique, ainsi que son style, sa manière de négocier, « de la finesse », et jusqu’à « immobilité dans les traits que rien ne peut altérer » ; toutefois dans la conduite de la politique étrangère tout dépendait de la volonté du général Bonaparte. Le diplomate reste donc, de ce point de vue, un technicien de l’appareil d’état et des affaires publiques, celui qui a toujours aspiré à la paix européenne, jusqu’à briser n’importe quelle collaboration avec Napoléon, qui n’avait pas voulu comprendre sa politique de l’équilibre européen.

Son objectif est toujours celui de stabiliser les institutions avant de viser à agrandir les territoires ; à ce propos il affirme : « après avoir reconnu que le territoire de la république française suffit à sa population et aux immenses combinaisons d’industrie que doit faire éclore la génie de la liberté, après s’être bien persuadé que le territoire ne pourrait être étendu sans danger pour le bonheur des anciens comme pour celui des nouveaux citoyens de la France, on doit rejeter sans détour tous ces projets de réunion, d’incorporation étrangère qui pourraient être proposés par un zèle de reconnaissance ou d’attachement plus ardent qu’éclairé… la France doit rester circonscrite dans ses propres limites : elle doit à sa gloire, à sa justice, à sa raison, à son intérêt et à celui des peuples qui seront libres par elle ». Formé à l’école des Lumières, il pense que la seule combinaison des organisations à la fois étatiques et harmonieuses puisse créer un équilibre parmi les états européens. Selon lui, la nation française, débarrassée des excès et des passions qui ont caractérisé la Révolution, peut aspirer à une place parmi les puissances en Europe, à condition qu’elle renonce aux conquêtes. La réalisation de la paix dépend également de la volonté hégémonique des autres pays : d’un côté l’Angleterre sur mer, de l’autre côté, la Russie et la Prusse sur terre.

Dans les Mémoires sur les rapports de la France avec les autres états d’Europe, qu’il rédige en 1792,  il expose son objectif final, toujours le même : éradiquer la politique de la puissance en condamnant les guerres d’expansion conduites pendant l’Ancien Régime mais au même temps les tentatives des hommes de la Révolution d’étendre leurs principes à travers l’Europe ; il s’élève à la fois contre l’ambition expansionniste de la Convention et le désir de domination de Napoléon qui continue à servir malgré ça.

L’idéologie politique de Talleyrand, que bien s’insère dans les idées de l’époque, est inspirée per les réflexions de Fénelon et Mably, deux grands intellectuels français. En particulier, Talleyrand s’inspire de L’Examen de conscience sur les devoirs de la royauté de Fénelon, où ce dernier approfondit sa conception des relations internationales : le principe le plus important est le respect de l’équilibre des états qui empêche l’instauration d’une monarchie universelle et engendre la servitude pour les autres nations. Au contraire, chez Mably, Talleyrand apprend l’importance du droit public de l’Europe qu’il développe aussi au Congrès de Vienne. C’est précisément dans cette occasion-là qu’il va mettre en pratique ses théories, afin de dépasser la situation difficile de la France face aux vainqueurs.

L’ambition de domination de l’empereur et ses actions politiques entrent de plus en plus en collision avec la conception sur l’équilibre des états européens de Talleyrand, jusqu’à la dissidence de ce dernier à travers le retrait du ministère des Relations extérieurs, en 1807.

Juste avant la défaite définitive de Napoléon, le ministre se lance dans une étroite collaboration avec la coalition des vainqueurs, en particulier avec le tsar de Russie afin de rétablir le pouvoir des Bourbons. Bientôt les Alliés proposent aux futurs dirigeants français des conditions plus favorables car ils ont fait la guerre contre Bonaparte ; ils respecteront aussi le projet constitutionnel de transition dessiné par Talleyrand : la Sénat donc est désigné à la création d’un gouvernement provisoire qui pourvoit à l’établissement d’une constitution adéquate au peuple français. Le 6 avril une constitution inspirée per le modèle anglais est adoptée et en même temps Napoléon renonce à toute souveraineté surl’Empire français avec le traité de Fontainebleau.

Louis XVIII est choisi par les Alliés et accepte à des conditions la constitution en la transformant en « charte octroyée », tout en en maintenant les dispositions fondamentales. Le 3 mai 1814 finalement Louis XVIII est élu roi à Paris, successivement Talleyrand est nommé ministre des Affaires étrangères, ainsi il est chargé de signer le Traité de paix avec les puissances alliées.

C’est sous sa houlette qui se vont esquisser les véritables fonctions de ministre des Affaires étrangères, en démontrant, avec du talent inné, notamment au Congrès, une grande persuasion afin d’atteindre son but : diviser ses adversaires, pour ensuite se faire reconnaitre comme réconciliateur.

Talleyrand est même érigé en « reconstructeur de l’Europe » par Henry Kissinger dans son Chemin de la paix.

Le 1er novembre 1814, alors que sont rédigées les Instructions pour les ambassadeurs du Roi au Congrès, sur la ligne directrice définie per Talleyrand et avec l’approbation du roi, on a le début officiel du Congrès de Vienne.

Le congrès s’ouvre avec la prémisse que, à l’occasion du traité de Paris, la France a évité sa destruction mais elle n’a pas encore défini son rang en Europe ; pour le ministre donc, ce rendez-vous sera l’opportunité pour régler sa place parmi les autres puissances gagnantes et à ce propos, il affirme :  « Il fallait un négociateur bien convaincu de l’importance des circonstances… et qui fut en position de faire entendre un langage vrai et ferme » aux vainqueurs.

Les Instructions avaient ainsi le but d’encadrer sa future mission dans la meilleure manière possible : il fallait rendre forte la nation aux yeux des autres états.

Le contenu du texte porte sur deux questions fondamentales : comment le congrès sera-t-il organisé ? Quels sont les principes du droit public européen qu’il devra appliquer ? En partant de ceux-ci il développe toutes ses théories et il énonce les règles procédurales à la base de la négociation. La stratégie qu’il adopte prévoit le rassemblement des petits états autour de la France, ceux qui les grandes puissances veulent exclure au moyen d’articles secrets imposés dans le traité de paix avec la France. Angleterre, Autriche, Prusse et Russie envisagent la reconstruction d’un système d’équilibre qui soit durable, en transfigurant leur coalition du temps de guerre en directoire en temps de paix face à la manœuvre de la France de se poser en chef de file des petits états afin de favoriser les intérêts communs.

Pour parvenir à ses fins le diplomate nous donne éprouve de sa maestria en préconisant un ensemble de normes de droit international public, un série de normes que Guglielmo Ferrero commente comme :  « un mouvement complexe, un peu tumultueux et incohérent, qui cherchait à limiter la multiplication et la violence des guerres, à stabiliser la paix, en soumettant la force à un système de règles capable d’en corriger les abus ».

Le droit public cité par Talleyrand peut être considéré comme fondé sur le principe d’effectivité : c’est-à-dire la nécessité d’établir des rapports avec les pouvoirs effectifs qui gouvernent un territoire, légitimés par les autres états européens qui les reconnaissent. Ce principe d’effectivité, qui est considéré comme fondamental dans les relations internationales, est substitué dans les Instructions au principe de légitimité, qui revendique/clame le titre d’antique possession des souverains dans une Europe sortie des guerres de la Révolution et qui aspire seulement à une légitimité monarchique, non pas démocratique. Ces considérations théoriques élaborées par la délégation française permettent, en réalité, de limiter les ambitions des puissances gagnantes qui revendiquent le droit de conquête. Les principes contenus dans les Instructions laissent au diplomate l’occasion de sauvegarder la légitimité du roi Louis XVIII.

Le 23 septembre 1814, lorsque la France est invitée au congrès de Vienne pour se voir communiquer les décisions que les Alliés ont pris face à son destin et des territoires conquis par Napoléon, le ministre bouleverse la situation grâce à sa diplomatie et il s’oppose grâce aux trois principes théorisés dans les Instructions : droit public, légitimité et équilibre, aussi bien que sauvegarde des intérêts des petits pays. Au contraire des grandes puissances qui ne voulaient qu’une participation purement formelle des autres états convoqués au congrès, Talleyrand s’est imposé, et par ses intrigues et par son habileté manœuvrière, il a divisé les alliés, et ainsi il a conclu une alliance avec l’Autriche de Metternich et l’Angleterre de Castlereagh face aux ambitions expansionniste du tsar Alexandre.

Son plan d’action est interrompu par une dernière tentative de Napoléon, en mars 1815, jusqu’alors relégué à l’Île d’Elbe, de reconquête de son empire. À ce propos il élabore une stratégie afin d’éviter une paix au détriment de la France et il signe la Déclaration des puissances assemblées au Congrès de Vienne contre Napoléon, adoptée par les huit états associés au traité de Paris, qui exclue Bonaparte des tous relations civiles et sociales en tant que « ennemi et perturbateur du repos du monde ». Malheureusement, l’épisode des Cent Jours, qui replace temporairement Napoléon au pouvoir, endommage le plan de Talleyrand qui, toutefois, le 9 juin 1815, appose sa signature à l’Acte final du Congrès de Vienne, juste avant la défaite définitive de Napoléon à Waterloo, où ils sont tracées de nouveau les frontières de l’Europe. Enfin, après le congrès, le 9 juillet 1815, le prince de Talleyrand, pair de France, est nommé aussi président du conseil des ministres et secrétaire d’état au département des Affaires étrangères par le roi Louis XVIII.

Par sa démission à cause de son refus de signer le nouveau traité imposé par les Alliés après Waterloo, il termine sa carrière politique qui l’avait rendu un des plus grands hommes politiques de l’histoire ; à l’occasion de cette fin de carrière, le Journal de Paris en fait une description assez ironique : « c’était un petit homme de beaucoup d’esprit, que les circonstances avaient singulièrement grandi… il se jeta dans la diplomatie, où il eut le bonheur de jouer plusieurs rôles brillants. D’une agilité extraordinaire, on le vit se mêler à la fois de deux affaires différentes et les conduire à bien toutes les deux. C’était un homme fort utile dans les temps de trouble et fort adroit dans toutes les occasions… ses yeux vifs, son sourire aimable donnaient à sa physionomie un faux air de franchise et de gaieté qui plaisait au premier abord… il se tenait bien, avait de la noblesse, marchait mal, et cependant allait très vite ».

En revivant toutes les étapes de la vie du prince de Talleyrand, notamment sa carrière politique, jusqu’à la Restauration de la France, il peut être défini comme l’homme de la modération et de la discrétion, celui qui s’est engagé toujours à la réalisation de la paix et de la conciliation politique. Il avait une vision politique européenne visant à l’équilibre des nations et qui ne pouvait être obtenu que par une organisation harmonieuse des relations entre états légitimes.

CHAPITRE 3 : Le recul du français dans la diplomatie moderne

À la fin du XIXe siècle, pendant le parlementarisme de la IIIe République, qui couvre la période entre 1870 et 1940, on assiste à l’enrichissement du vocabulaire français grâce à la naissance des syndicats, du capitalisme, à la création des partis politiques ainsi qu’à l’emploi de nouveaux moyens de transport. Ce phénomène est la conséquence même des influences des mots anglais sur la langue française. A la fois la colonisation des régions hors de France, parmi lesquelles l’Afrique et, plus tard, le Québec, favorise l’acquisition du français en devenant une deuxième langue.

C’est avec le traité de Versailles, le 28 juin 1919, qui met fin à la Première Guerre Mondiale, que la langue française perd le rôle privilégié dans le domaine diplomatique qu’elle avait eu jusque-là : le texte est rédigé à la fois en anglais et en français, avec le double titre, pour la première fois depuis le traité de Rastatt en 1714. Cela a été possible puisque aussi des pays non-européens – Japon et États-Unis – étaient associés au traité; ces derniers, représentés par le président W. Wilson, qui ne parlait pas du tout français, et l’anglais Lloyd George, ont ainsi imposé l’anglais comme seconde langue officielle, un choix également justifié par le résultat obtenu grâce à leur intervention militaire pendant la guerre.

La langue anglaise a donc été adjointe pour des raisons pratiques, les mêmes qui ont causé au français la perte de son rôle de langue diplomatique des siècles précédents. Le recul inexorable du français au niveau international, face à l’anglais, est contemporain à l’émergence politique des Etats-Unis d’Amérique sur la scène internationale.

Après la Seconde Guerre Mondiale, lors de la première Conférence internationale organisée à San Francisco en 1945, nait l’organisation qui règle l’entier système international contemporain : l’Organisation des Nations Unies, substituant la Société des Nations. Pendant l’Assemblée générale de l’ONU, le 1er février 1946, on approuve le Règlement concernant les langues, dont le premier article spécifie :  « Dans tous les organismes des Nations-Unies autres que la cour internationale de Justice, le chinois, l’anglais, le français, le russe et l’espagnol sont les langues officielles ». Cette internationalisation de l’expression devait néanmoins être immédiatement nuancée dans le même texte par cette précision capitale : « L’anglais et le français sont les langues de travail ». Dans toute réunion officielle, donc, est prévue une interprétation simultanée de et vers les langues ayant le statut de langue officielle, cela concerne même les documents préparatoires, les projets de résolution, les comptes rendus ou même les rapports ; tandis que le statut de langue de travail comporte que les fonctionnaires internationaux interne à l’organisation puissent travailler dans une des deux langues sélectionnées. C’est nécessaire, du coup, qu’ils connaissent au moins l’une des deux langues et qu’ils comprennent l’autre, afin de pouvoir s’exprimer dans toute relation avec le secrétariat de l’Organisation et de remplir leurs tâches. Aujourd’hui, on sait pourtant que, lorsqu’il faut recruter du personnel, 84% des postes sont destinés à l’anglais, alors que seulement le 7% au français.

Dans les années 1944-1945, au sorti de la guerre, le rôle de la France était changé dans la panorama mondial puisque, désormais, elle ne pouvait plus être considérée au même niveau des grandes puissances, telles que : les États-Unis, pour leur énorme puissance économique et militaire, l’Union soviétique, grande machine de guerre, et l’Empire britannique, depuis toujours reconnu pour sa grandeur. De tout évidence, il fallait donc réconcilier son aspiration à un grand rôle international avec la mesure des moyens réellement disponibles ; la première condition afin qu’elle puisse les réconcilier était une politique étrangère stratégique et une bonne conduite des affaires internationales. Une autre condition était également une système international stable et équilibré garançant ses intérêts et ceux de l’Europe. à ce propos la figure de De Gaulle a été fondamentale dans la politique étrangère de la France, car il a réussi à imposer son pays parmi les vainqueurs de 1945, en rétablissant le rang à lequel il aspirait.

La France de De Gaulle va mener ainsi une politique de puissance lorsqu’il s’installe à Paris en 1944, comme Chef du Gouvernement Provisoire de la République française, à coté de ministres des Affaires étrangères, Georges Bidault. Par sa première manœuvre le gouvernement provisoire obtint sa reconnaissance auprès des Alliés et sa légitimité en tant que puissance parmi les Trois Grands ; en même temps, l’acceptation du plan Marshall démontre l’irréfutable dépendance économique et donc politique de la France qui conditionne inévitablement son influence sur les décisions nationales mais aussi le changement économique mais aussi social de la culture française.

Cela explique l’emploi dès ce moment de la langue des affaires, de l’économie : l’anglais, imposé par les Etats-Unis, et au début contrasté par les autres membres. Cependant en 1966 43 délégations sur 112 s’exprimaient en français, raison pour laquelle à l’ONU, dans une séance plénière, on ne traduit qu’en français et en anglais Même si dans les autres organisations rattachées à l’ONU on ne fait pas la distinction entre le statut de langue officielle et langue de travail, en manière générale, le français bénéficie juridiquement, dans la quasi-totalité des communautés internationales du système des nations unies, du statut de langue prédominante. Cette application est valable non seulement à l’ONU, mais aussi pour tous les autres organismes qui en dépendent et qui en sont rattachées, comme : l’Assemblée générale, le Conseil de Sécurité, la Cour internationale de Justice, l’Office des Nations unies de Genève et de Vienne, les Commissions économiques tels que CEE/NU, CESAP, CEA, CEPALC, FSA Ammane, la Commission des droits de l’homme, HCR, PNUE, CNUEH, UNICEF, OMS, OIT, FAO, UNESCO, OMI, la Banque Mondiale, pour n’en citer que quelques-unes. Bien sur certaines exceptions sont prévues, comme le cas du FMI, où le français est exclu du statut de langue de travail. Pour ce qui concerne les organisations indépendantes du système des Nation Unies et de ses institutions et organismes satellites et centraux, la langue française est reconnue dans la plupart d’entre elles du statut de langue officielle, tel est le cas de la Commission des Communauté européennes où on a adopté neuf langues officielles, de l’OTAN, du Conseil de l’Europe, de l’OEA, etc.

La Résolution 242 sur le conflit israélo-palestinien, à la suite de la guerre des Six Jours, au Conseil de Sécurité le 22 novembre 1967, est célèbre, où plusieurs délégués regrettent l’emploi de la langue anglaise provenant de l’ambigüité née d’une significative différence de sens entre les textes anglais et français, les deux langues ayant statut de langues officielles parmi les autres, qui parlent de retrait : « se retirer des territoires occupés », dans la version française et des autres langues, et « Israël must withdraw from occupied territoires » dans la version anglaise, qui traduit signifie « se retirer de territoires occupés ». La résolution intéressant les territoires occupés par Israël en 1967, montre que la différence est évidente dans les deux interprétations : en utilisant des, il s’agit de tous les territoires ; si l’on comprend de, il suffit d’en quitter quelques-uns pour que la résolution soit appliquée.

L’imprécision linguistique de l’anglais a porté à deux différentes interprétations aux dépens de la diplomatie.

Encore aujourd’hui le statut juridique de la langue française soit objet de débat constant puisqu’il est en train de changer au profit de l’anglais. Malgré ça, la France, notamment l’OIF, l’Organisation internationale de la Francophonie, s’engage à la promotion de la langue, ayant comme objectif la croissance de sa place dans le monde et la défense de sa position dans les anciennes colonies d’Afrique. Un exemple récent, du 2009, y vient du secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf qui regrette l’effacement du français dans les organisations internationales car elle est , par ses propres mots, « la deuxième langue la plus enseignée au monde » ; il déclare, en outre : « La langue française est dans une situation ambiguë. Cette langue progresse, elle est la deuxième langue la plus enseignée dans le monde, le nombre de locuteurs augmente, la demande de français sur tous les continents augmente et paradoxalement nous assistons à l’effacement du français dans les organisations internationales ».  A ce propos il recommande aux responsables des pays francophones de ne pas « se laisser entrainer vers l’expression dans une autre langue », c’est-à-dire l’anglais.

Au fur et à mesure de la menace de pénétration du français par l’anglais sera considérable, on verra se développer l’effort officiel de diffusion de la langue française hors de la nation, par moyen de différents organismes, comme lui de la Francophonie et par d’autres moyens pédagogiques ; à cet égard, une épreuve évidente du gouvernement français en cadre linguistique, afin d’arrêter l’expansion de l’anglais même dans la culture française, a été la publication d’une circulaire du 14 mars 1977 rappelant que « la loi rend obligatoire l’emploi de la langue française dans les textes écrits et inscriptions, et interdit la présence d’expression étrangères lorsqu’il existe des termes français équivalents, dans les domaines suivants : l’offre et la demande des biens et des services, les informations et la présentation des programmes de radio-diffusion et de télévision… ». Cependant, on constate que cela n’est pas une garantie d’efficacité, notamment en politique étrangère. La primauté de l’anglais par rapport au français témoigne sa suprématie technologique, diplomatique, culturelle, commerciale et, du coup, économique : elle peut être considérée comme la langue véhiculaire des communications internationales; du temps de l’universalité de la langue française les États-Unis, qui n’existaient pas à l’époque dans l’échelle mondiale, ils sont aujourd’hui parmi les puissances économique, les plus prédominantes du monde. Ce fait témoigne qu’une langue ne se propage pas seulement par le soutien d’une littérature, car ce facteur culturel n’a pas le même poids face aux facteurs économiques et politiques. Sans doute il a joué un rôle important dans l’expansion de la langue jusqu’au XIXe siècle, mais n’atteignait que les élites, une minorité, et cela n’est en rien comparable à ce qui se passe en ce moment entre le français et l’anglais.

Il est donc bien évident que ce n’est pas la langue elle-même qui exerce cet influence mais la puissance qui lui est derrière : qui souhaite avoir un rôle dans le marché international est obligé à la parler

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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SITOGRAPHIE

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